4 jours dans la Sierra Nevada - Colombie 🇨🇴

Dimanche 8 janvier 

On se réveille à 5h30 dans notre petite auberge Gui=Neo, où le gérant est super sympa et nous garde nos gros sacs pendant toute la durée du trek. 
Le taxi vient nous prendre à 6h, et une fois à 4 dedans on fait 40 minutes de route avant de rencontrer nos conducteurs de moto et notre guide, Leo, qui tient seul The Native Expedition, son agence d'excursion dans le Nord du pays.

C'est parti pour 1h20 dans la jungle. A côté de ça, l'épisode du bateau tape-cul Isla Rosarios - Carthagène c'est rien ! On fuse sur des petites pistes et on arrive au point de départ de notre excursion de 5h. C'est fort en sensations, on est servis, et moi qui adore la moto !
On arrive, on échange rapidement avec un paysan du coin qui refuse catégoriquement de nous prendre une photo de groupe.

On doit passer 4 collines différentes pour arriver à la première finca, la première ferme. On est rejoint en chemin par Adrian avec des mules qui vont porter nos sacs. Si on avait su on se serait moins cassé la tête à trier nos affaires...

La mule s'appelle Coca Cola


Ça monte quand même pas mal donc on est contents d'avoir moins de poids. On s'enfonce peu à peu dans la jungle.

On apprend sur le chemin que les indigènes et les descendants d'afro-américains paient moins cher l'inscription à l'université et peuvent avoir accès à des bourses sportives. Nous allons rencontrer la tribu qui vit ici, celle des Wiwa, qui est composée de 15 000 personnes. La tribu se fait recenser régulièrement. 
Il y a aussi d'autres ethnies avec qui elle partage le territoire, les Arhacos, les Kogis et les Kakuamos (ils sont environ 40 000) et nous traverseront le territoire sans nous arrêter pour dormir car c'est interdit.

Leo nous montre sur son portable les oiseaux qu'on entend et nous explique le fonctionnement des bromelias, des plantes qui construisent de véritables petits écosystèmes et peuvent pousser partout, jusqu'aux fils électriques.

On entend des monos ayuador en traversant la jungles. Ce sont les singes hurleurs, Colas croit entendre un (g)rossignol. 
A la fin de cette marche de 8,5 km on arrive à la finca la Lujana, elle est située à 2 200m d'altitude. Elle est tenue par Adrián et Wendy, un couple de jeunes qui vivent ici avec la mère d'Adriàn et sa soeur. 


Ils nous accueillent avec un petit café et tous les animaux de leur ferme (vaches, poules -pas de coqs qui font trop de bruit!- chiens, chats, un perroquet aussi, Roberta). 

On déjeune végétarien et succulent : du carve (la protéine de soja qu'on avait eu lors de notre trek dans les Nevados) avec des herbes du jardin, des oignons, un peu de tomate et salade du riz, des haricots rouges. on boit de l'agua panela, ca m'avait manqué...



Luis
J'ai personnellement un début d'angine, car je résiste un peu mal aux climatisations sales des taxi et l'agua panela me fait un grand bien, on a dit à Leo qu'on adorait ça et il a du faire passer le message parce qu'on nous en donne plein ! 

Coti
On en a pas bu depuis le sud du pays. On est aux petits oiseaux comme diraient nos amies québécoises. Après ça, direction la sieste de 2h et on traîne un peu avant d'aller voir le coucher de soleil, on court jusqu'à le voir tout en haut de la finca, on entend depuis là haut le son de la ville de Santa Marta. Une fois les soleil couché, la symphonie des grenouilles commence, ça fait comme de ms vagues de son dans la forêt !
On dîne (omelette et riz, encore, toujours), on joue au Monopoly Speed. On se fait rôtir les fesses au coin du feu puis on se couche car demain on se lève très tôt.
On rigole bien en essayant d'expliquer l'expression "va te faire cuire le cul" en espagnol : "va a cocinar tu culo" !

Lundi 9 janvier 

Réveil à 5h30. On marche un peu le long de la crête au dessus de la ferme et on peut admirer un lever de soleil magique, avec la lune en miroir. 


Ca me rappelle les Lencoises au Brésil en 2019. On reste tous calmes devant ce beau panorama. 

On a un peu de temps avant le petit déjeuner alors on lit au soleil Luis et moi, Colas et Steph dorment un peu puis on petit déjeune (de grosses arepas fourrées de fromage avec de l'agua panela et du café, on se repose, prépare les affaires et puis il est temps d'entamer la 2e journée de marche.

Un veau, ses 3 frères et sa mère au loin (à gauche)

Réveil en douceur


Un grand bisou avant de partir, une photo et le chemin commence dans la jungle directement après la ferme. Il y a beaucoup de passages dans el fango (la boue), un peu de plaines, ça n'est que 3km de marche mais le chemin est très valloné.  


Les petits champignons incroyablement roses que nous avions vu dans le Paramo

On arrive sur les coups de midi à la finca qui s'appelle Palacio de las Nuves (le Palace des Nuages), on y déjeune un plat bien copieux avant de se poser dans la cour pour le café.
Antonio nous raconte qu'il habite ici depuis 40 ans, il n'y avait absolument rien. On est béas car la finca est vraiment superbe.

Le potager


On sort nos livres, je dessine un peu et il commence à pleuvoir. 

Le chien nommé Toutou est très amical, parfois un peu trop #MeToutou

Le repos !

La femme qui tient la finca nous fait un feu de cheminée et Marinella traîne autour de nous, je sens quelle s'ennuie un peu maintenant que ses copines sont parties (Marinella est ici en vacances chez ses grands parents) alors je dessine avec elle, elle me raconte des choses, que je comprend parfois et d'autres fois pas tellement. Elle a été cueillir la plante que sa grand-mère nous fait infuser. Elle connaît toutes les plantes du jardin. Je suis impressionnée car elle n'a que 7 ans. Ca me laisse pensive.. On devrait avoir un jardin dans toutes les écoles en France, surtout dans les grandes villes, et pouvoir apprendre des plantes. Se rapprocher de cette nature et ses vertus, apprendre ce qu'elle nous offre en lui rendant en retour. Etant parisienne je n'ai pas eu accès à ces connaissances jeune, ça m'aurait beaucoup plu. Luis, beaucoup plus en revanche puisqu'il a grandi aussi dans la nature.

Il fait bon tandis que la pluie bat à torrents, jusqu'à provoquer une fuite dans la chambre de Colas et Steph ! On commence à s'inquiéter pour demain, on espère que ça s'arrête pour pouvoir marcher sans grosses difficultés puisqu'on est absolument pas équipés pour la pluie ! On sent aussi Leo inquiet parce qu'il nous dit que c'est totalement inhabituel. 
On joue aux cartes dans notre chambre tous les 4, où le bruit est moins fort que dans la pièce à vivre ou dans l'ensemble de la maison car il n'y a pas de tôle en métal. Puis on se couche, un gros tissu enroulé et fixé sous la fuite retient les gouttes sur le visage de Colas et Steph ! On espère que demain sera meilleur.

Mardi 10 janvier 

On se réveille avant le soleil, à 5h30 et le ciel est dégagé. On voit même la lune et enfin, les montagnes et le paysage magique de cet endroit, les montagnes devant nous, autour de nous, la cascade et ce panorama à couper le souffle mais ça ne dure pas et les nuages reviennent prendre possession des lieux.



La cascade où nous allons aujourd'hui

Marinella, Steph, Colas et Luis devant le soleil levant les nuages

Pour le desayuno nous avons des arepas au maïs dulce (un maïs naturellement sucré), comme les arepas boyacenses qu'Alejandro nous avait fait goûté au retour de Villa de Leyva.
Toutou, Marinella et sa grand mère, Don Antonio, tout le monde nous accompagne au portail, on descend doucement du Palacio de las Nuves pour le 3eme jour de marche, celui des cascades ! 


On traverse des vallées, un peu de jungle aussi, on ramasse plein de goyaves, on croise des plantations de café qui restent d'anciens terrains où il se cultivait avant qu'un feu terrasse 40 hectares pendant plus de 15 jours en 2014. Ce feu a fait bouger beaucoup de familles, et ralentit la production de café pour beaucoup d'entre elles. On croise des plantations de cannes à sucre aussi, on sent la honey camomille. Et puis nous voilà à croiser la première cascade, (et qui dit cascade, dit aussi beaucoup de glissades !)


La honey camomille


On croise la Cascada del Cafe où on voit plein de minis grenouilles ! Luis en prend une qui devait hiberner ou dormir dans l'eau, la pensant morte, et elle se réveille doucement sur son doigt.

On continue jusqu'à la Cascada del Miel.


Leo qui découpe de la canne à sucre qu'on mâche en faisant pause.

Et enfin la Cascada Nymejan, la cascade sacrée qui est plus isolée et demande qu'on quitte nos sacs et la route principale pour grimper fort jusqu'à la voir. C'est la plus grande cascade que j'ai jamais vue.


Leo nous demande de retirer nos chaussures pour accéder à la 4e cascade et on désescalade lentement les pierres glissantes. Quand on plonge j'ai un peu peur de me faire emporter par le courant mais finalement je surpasse ça et c'est un moment salvateur. Je ressens un soulagement d'être arrivée jusqu'ici.

Une araignée pêcheuse 

On fait 6km en 6h ( beaucoup de pauses pour admirer les cascade ou cueillir des fruits) quand on arrive enfin à la Finca de la Estrella, après un chemin assez spécial dans la jungle, ce chemin qu'ils ont découvert en arrivant à la ferme semble avoir été tracé par les indigènes il y a de nombreuses années. Peut être quelques centaines d'années après JC. On y est dans la Ciudad Perdida


La ferme est située à 900m d'altitude, on est heureux d'arriver pour se reposer et déjeuner.

C'est le frère de don Antonio, qui tient la ferme : Pablo. Il nous explique que les indigènes qui habitent en face de chez eux, sont reclus de tous. Ils viennent acheter ici un jour sur deux du lait et par exemple du savon pour laver leur linge. 

Quand on leur offre un lit, un matelas, en général ils ne l'acceptent pas tous car ils préfèrent le contact à la terre. Hier la femme était seule chez elle, enceinte à point, l'homme est allé travailler et elle s'est accouchée toute seule, accrochée à un piquet de bois. On est sur les fesses... Accoucher qui se traduit ici par "dar al luz" (mettre à la lumière). On rigole beaucoup, il est très charismatique comme. nous l'avait annoncé son frère la veille.


On parcours le trésor de Pablo, un Time Magazine édition Amérique du sud de 1951 ! Super intéressante plongée dans le passé. Déjà a l'époque des pubs pour l'avion, des voitures et des montres.


Nous montre des photos de l'escudo qu'on verra à notre arrivée. C'est le symbole de la Colombie, l'écusson (et non pas le "culo" que j'entends ! Quand on lance une piece pour le pile ou face ici c'est cabeza o escudo.
Le soir apparaissent les luciernagas (lucioles) et il y en a partout. On reste une heure à regarder ces petits points d'allumer, s'éteindre, par vagues. C'est magique.

On joue avec notre lampe frontale dirigée vers la maison des indigènes... et ils nous répondent. Les enfants d'ici me disent que ce sont les enfants qui nous répondent en général. C'est un moment très spécial car on a vraiment l'impression que c'est un peuple qui ne communique pas avec l'extérieur (ou que peu comme nous l'a expliqué Pablo).

On goûte à notre jus de goyave qu'on oublié de faire mais que les femmes de la maison on fait pendant notre sommeil: il est excellent.

Une des filles, Melani apprend le français avec moi, elle parle bien étonnamment alors on prend son cahier et on écrit quelques phrases qu'elle pourra répéter si d'autres français venaient ici un jour !

Steph joue avec deux des 11 petites filles de Don Pedro, on rigole avec les enfants. A l'heure du diner on nous sert des patacones et de la salade bettraves carrotes tomate avec de la mayo, c'est très bon.
On joue à la bataille avec Luis, Colas, Melani et une de ses cousines jusqu'à épuisement. Il n'est que 21h, mais il faut dormir parce que demain une grosse journée nous attend, on va traverser le territoire indigène et c'est 18km. On ne peut pas s'y arrêter mais ils tolèrent qu'on y passe. 

Mercredi 11 janvier 

On se réveille vers 6h30 et on petit déjeune, on écrit dans le petit livre d'or. S'en suit la session photo avec toutes la famille.


Melani

On quitte à 7h30, On est précédé de Andrés, 11 ans, avec sa machete, sur Morochita la mule, Titan, el perro (le chien) on a une heure de retard. Sur le chemin on croise les premières maisons indigènes. On achète des bracelets en fibre naturelles à une famille où seul l'homme nous parle, sa femme entourée de ses enfants nous présente les bracelets qu'elle créée. Ils cultivent aussi le cacao, les bananes et évidemment la coca.

Il nous explique le principe du poporo. C'est un objet étrange entre les mains de la plupart des hommes indigènes qu'on a croisé dans la région. Une fois mariés les hommes se mettent à mâcher la coca, et utilisent de la poudre de coquillages mélangée à de l'eau pour en augmenter les effets. Ce liquide blanc est stockée dans une petite courge, et l'homme utilise une baguette pour touiller à l'intérieur et en mettre dans sa bouche avec la feuille de coca. La baguette prend alors une teinture jaune et l'homme dépose le mélange obtenu sur le haut de la courge, ce qui couche après couche donne une sorte de cylindre jaunâtre. L'homme nous explique que lorsqu'ils consomment la coca de cette façon, le poporo sert de journal pour fixer les méditations. 

On se trouve confronté à un arbre qui a emporté un bout du paysage avec lui et la route principale est donc bloquée. On doit attendre que Leo et Andres fendent la jungle un peu plus bas à coups de machete pour que la mule puisse passer. Ce moment est très délicat et je tombe dans des tas de feuilles et de la terre (ce qui explique probablement les minis larves de tiques qu'on découvre à notre retour à l'hôtel !) 

Plus loin Leo discute avec le chef indigène de la autoridad qui se dirige au pueblo pour relayer son titre au prochain.

Armée de ma lance (mon bâton) et ma cape de Rafiqui

Après un sacré moment de marche on arrive au pueblo, un lieu de réunions où chaque famille indigène de la région a sa maison aussi. On est chanceux de pouvoir le traverser. Je suis fascinée par l'architecture et l'atmosphère qui se dégage de cet endroit.

Luis
On est tout de même un peu gênés par cette visite. On sait que c'est un lieu sacré et on a un peu l'impression de profaner avec nos vêtements bizarres et nos appareils photos. Donc on ne reste pas très longtemps et on repart un peu plus loin rejoindre le petit Andrés et lui acheter un coca cola à la tienda indigène (Oui il y en a jusqu'au beau milieu de la jungle !) On attend là-bas Leo qui finit de rencontrer le nouveau "policier" et de payer notre droit de passage. Qui est tout de même de plus de 10€ par personne.

Après le pueblo indigène, on doit remonter pour sortir de la vallée et rejoindre la civilisation. La plaine est un moment de repos après une montée très exiguë dans la boue. 


Après, de retour dans la jungle ! 

Cette marche est bien plus exigeante physiquement que les jours précédents. La pluie s'en mêle et amène une ambiance mystérieuse et un calme tout particulier.

On arrive enfin à bout de cette douche tropicale (on marche environ 1h30 sous la pluie) et on déjeune dans un restaurant où le repas est dévoré en quelques minutes avec la compagnie d'Andres qui grelotte de froid (on aura que ma serviette de bain à lui prêter !) et on est très contents de nous, d'avoir pu voir ces belles cascades, d'avoir rencontré ces familles et discuté avec elles. Et surtout cette dernière journée qui aura été des plus intenses avec le dénivelé.

Le fameux "escudo" dont nous parlait Pablo

Et nos "culos"


On prend un 4x4 pour retourner à Minca, on voit le coucher de soleil depuis la route sur la mer et les cienagas, c'est magnifique.

Ces 4 jours passés un peu hors du temps nous laissent pensifs. On fait le bilan et on est tous très satisfaits de ce trek. On ne peut pas le comparer à celui de la Ciudad Perdida puisqu'on ne l'a pas fait mais on sait que c'était incroyable d'avoir un guide et les familles des fincas seulement pour nous 4. On a vu une diversité de paysages assez impressionnante et appris beaucoup de choses, on a été plongés au milieu du territoire indigène, mangé des fruits cueillis dans la nature, on s'est baignés dans des cascades et fait de belles rencontres. Je crois qu'on ne pouvais pas demander beaucoup mieux ! 

Commentaires

  1. Oui c’est vrai : à vous lire on est ´´nous aussi loin loin loin…. C’est une chance ce trek… en pleine nature… que fait le chef indigène avec ces sous donnés pour votre passage…? On se demande !! Il n’y a rien à acheter !!! Merci pour vos récits … bonne suite ! Flo

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