La conclusion de ce grand voyage



Coti

Ce voyage a été pour moi, le plus important voyage de la vie. D'une part, par sa durée : c'est la première fois que j'ai mis en suspens mon quotidien, mon travail, et aussi, bien sûr, en plus petite mesure, ma famille et mes amis (qui auront tout de même été tenus au fait de nos tribulations grâce aux réseaux sociaux). 
Et d'autre part, parce que je ne l'ai pas fait seule mais avec Luis, après avoir été fraîchement pacsés : on pourra considérer ce voyage comme une nuit de noces, ou plutôt 261 jours et 260 nuits de noces ! 
261 jours sans se quitter (hormis quelques trois petites heures pour aller faire des courses j'imagine) et 261 jours de bonheur à se réveiller à ses côtés pour vadrouiller vers de nouvelles aventures ! 
Les débuts ont parfois été un peu contentieux par la rigueur du blog au quotidien, que je mettais un point d'honneur hiltlerien à rédiger afin de mettre nos impressions sur écrit mais Luis a vite pris plaisir à écrire et c'est super, je mettrai en page afin d'avoir un beau livre de notre aventure.


Faire ce voyage en bus a été un challenge qu'on a relevé (moi sans mal de dos que Luis) mais cela nous tenait à cœur d'émettre au minimum de gaz à effet de serre. Bien qu'on a pris l'avion pour aller et venir de Tahiti et qu'on le reprendra dans le futur, on pourra avoir la conscience un peu calmée de ce côté là. Luis a tracé religieusement chacune de nos étapes afin d'avoir le suivi et c'était un gros morceau. Cela permet de réaliser que le voyage est une occasion d'aller lentement, de prendre son temps, de regarder des paysages défiler devant ses yeux et de réfléchir aussi, beaucoup réfléchir !

Ce qui a été fabuleux a été de pouvoir rencontrer des personnes avec lesquelles nous sommes toujours en contact aujourd'hui : Ole & Merle (une soirée, quelques heures auront suffit à nous connecter!), Castor, notre hôte du Salvador et aussi Laura et Roeland et Anoushka et Lancelot. Je sais qu'on restera au fait de nos vies pour longtemps.

Un point de ce voyage important a été d'aller à Tahiti. Pour moi qui connait un groupe d'amis de là bas, ça a été la concrétisation de 10 ans d'amitié ! Voir leur vie, leur quotidien, se remémorer nos vies parisiennes, nos soirées. Un lien qui ne s'est pas effrité malgré la distance et les horaires aux antipodes ! Je me considère privilégiée de les avoir rencontré au bon moment, d'avoir entretenu ce contact  et je chéri plus que jamais ces amitiés. Se revoir comme si on s'était quitté la veille est un sentiment fort quand on habite si loin.
 
On a vécu quelques expériences de vie en communauté et beaucoup réfléchi au projet de vivre dans un environnement bienveillant, solidaire. Les familles de ces pays sont une source d'inspiration pour nos schémas occidentaux qui sont confus et parfois se détruisent. On va tenter d'aller dans cette direction dans nos prochaines années: se rapprocher de notre famille nucléaire mais surtout tenter de vivre avec des amis qui forment également notre famille, dans un lieu  où l'on pourra vivre ce sentiment d'appartenance, de bienveillance.

Je reviens sereine de ce voyage, pleine de gratitude, avec la volonté de chercher cte environnement qui nous correspond et avec le meilleur partenaire de vie.


Luis 

A l'heure où j'écris cette conclusion nous sommes rentrés depuis près de 5 mois. Nous avons réintégré notre appartement à La Palud sur Verdon, j'ai retrouvé rapidement du travail et le rythme de vie occidental à peu à peu repris le dessus sur nous. On croirait presque que tout est comme avant. Sauf que tout n'est pas du tout comme avant. 

Encore aujourd'hui j'ai quasiment chaque jour au moins un flash, une image, une sensation d'un moment de bonheur partagé au cours de notre périple. La beauté d'une cascade, d'une montagne, d'un arbre majestueux, de l'eau de la mer et des animaux exotiques, mais aussi des pensées pour les personnes rencontrées qui m'ont marqué et avec lesquelles pour certaines on entretient encore une correspondance. C'est comme une considérable réserve de moments heureux dans laquelle je peux puiser à tout moment. Pour l'instant, les souvenirs sont encore très clairs, et je sais qu'ils s'estomperont. Mais le fait d'avoir écrit ce blog - parfois sous la pression inquisitrice de Coti, que je souhaite remercier d'avoir insisté lorsque j'avais la flemme -  a aidé, je crois, à les graver plus profondément, et dans tous les cas si je veux les raviver, je peux toujours retourner lire les articles ou voir les vidéos qu'elle a réalisé. 

En tant que couple, un tel voyage est aussi un élément fondateur et ces quelques mois passés a deux ont prouvé a quel point Coti et moi sommes complémentaires, notamment comment sa facilité de contact a débloqué des situations, ou créé de nouvelles amitiés. On n'a eu que très peu de situations difficiles et c'est peut être de la chance mais j'aime penser qu'on forme un duo de choc et qu'on a fait beaucoup de bon choix en se concertant ! 


Certains nous disent que le voyage est comme un virus, et que nous allons certainement avoir envie de repartir rapidement. Je pense qu'ils ont raison, mais malgré la richesse humaine et le bonheur profond que j'ai retiré de cette expérience, je ne peux pas m'empêcher de voir l'énorme ombre du coût environnemental d'un tel voyage : plus de 5 tonnes de C02 que nous avons chacun émis dans l'atmosphère. Et ce malgré des efforts important pour limiter notre empreinte. Dans un monde où de plus en plus de gens sont touchés directement par les effets du changement climatique, il me semblerait aujourd'hui égoïste d'imaginer repartir pour un voyage de cette ampleur à court terme.  Je ne suis pas non plus prêt à renoncer au voyage, car je sais aujourd'hui la richesse que celui-ci apporte surtout lorsqu'il est long et qu'on part sans se donner de date de retour. J'ai d'ailleurs déjà planifié mon prochain voyage. J'avais organisé pour remplir une promesse d'enfant, un voyage au Kenya avec ma mère, qui a été annulé à cause de la pandémie.

 
Aujourd'hui je pense que le meilleur service qu'on peut rendre aux éléphants du Masai Mara, c'est de les laisser tranquille là où ils sont. Tant qu'il n'y aura pas un moyen décarboné de s'y rendre en toute sécurité, je n'irai pas. J'ai donc demandé à ma mère s'il n'y avait pas un autre endroit dont elle rêvait. Ce sera les aurores boréales, au Nord de la Norvège, et nous iront sans prendre l'avion. 
Ce n'est pas facile pour tout le monde aujourd'hui de faire ces choix : le train coûte cher, il prend du temps qui pourrait être utilisé pour travailler et payer le voyage. J'ai la chance d'exercer un métier qui me rapporte assez pour faire cela, mais c'est un objectif qui s'est affirmé en moi pendant le voyage, j'ai fait en sorte de façonner mon activité professionnelle pour que ce ne soit pas un problème de prendre du temps. 

Ce voyage ne m'a pas changé. Il m'a aider à renouer avec moi même, celui que j'étais à 18 ans: plus proche de la nature, plus optimiste et moins individualiste et ambitieux. J'en reviens avec une motivation que j'ai rarement ressentie auparavant, celle d'arrêter au maximum de compromettre mes valeur pour trouver une place dans cette société. L'idée de vivre dans un lieu collectif qui a germé dans ma tête lors de notre premier trek en Colombie alors que mon cerveau manquait d'oxygène à cause de l'altitude, ne m'a plus lâchée. La manière de vivre des peuples qu'on a rencontré, chez qui la solidarité et l'hospitalité est si présente, m'a beaucoup inspiré et je pense qu'il est temps pour nos sociétés de re-socialiser, de vivre ensemble. Ça passe pour moi par une remise en question des objectifs traditionnels qui s'imposent à nous : travailler dur pour économiser et acheter un endroit où vivre, ce qui nous forcera a travailler dur encore plus longtemps pour payer les crédits. On ne sait pas ce que l'avenir, nous réserve, mais on sait qu'on n'arrêtera pas de poser des questions, de relever et de contourner les absurdités de notre système et d'essayer de proposer des alternatives pour des horizons heureux. 

Commentaires

  1. Merci pour ces belles conclusions, qui parleront forcément à ceux qui sont à la fois avides de voyages et protecteurs de la nature et des animaux. Je vous souhaite de trouver un port d’attache accueillant et de poursuivre votre voyage intérieur 🥰 CG

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